La leucocytose digestive ou comment ménager son système immunitaire

Lorsque vous commencez votre repas par un aliment cuit ou transformé, que ce soit par un procédé culinaire ou industriel, votre organisme ne le reconnaît pas. Il le considère comme un intrus, indésirable et toxique. Et l’alerte est donnée : le système digestif réagit et, en bonne réponse immunitaire, une armada de globules blancs se précipitent pour combattre l’envahisseur. Or, après-coup, l’armada fait chou blanc : fausse alerte ! En attendant, le système immunitaire, déjà très sollicité, risque l’épuisement à force d’être mobilisé à chaque première bouchée de cuit. De plus, son attention ainsi détournée, les bactéries et autres virus peuvent aussi, potentiellement, circuler incognito. Surmené, le système immunitaire est davantage prédisposé aux infections. Traduction en langage courant : « Rôôô, c’est pas de bol, j’attrape tout ce qui traîne… ». En termes savants, on appelle cela la leucocytose digestive.

Mais qu’est-ce donc que ce phénomène ?

Les enzymes présents dans les aliments crus, vivants et non dénaturés, participent au processus de digestion. Ils soulagent et complètent le travail des sécrétions enzymatiques de l’organisme, qui consiste à découper en toutes petites molécules les bouchées d’aliments avalées. Les aliments cuits, eux, sont pauvres en enzymes alimentaires et obligent le corps à puiser dans ses réserves d’enzymes métaboliques pour être digérés. Sauf qu’à force de puiser, ça s’épuise !

Alors pourquoi ne pas essayer de commencer vos repas – goûter compris – par un légume cru à croquer, une crudité assaisonnée ou un fruit frais, voire un verre d’eau pour stimuler la digestion et ainsi temporiser cette leucocytose. D’après le Dr Kouchakoff, le phénomène ne se produit pas tant que la proportion des aliments cuits ou transformés ne dépasse pas 51% du repas. Quant à vous essayer au crudivorisme, sachez qu’en saison froide, il tend à refroidir les organismes frileux et à affaiblir votre feu digestif, selon la médecine traditionnelle chinoise.

Il existe des alternatives au tout cru ou au rapport 49/51% pour prévenir notre leucocytose. Vous pouvez, par exemple, associer vos légumes crus à des fruits cuits ou vos légumes cuits à des fruits crus ! Mais attention, il y a cuisson et cuisson. Celle en auto-clave type Cocotte-minute® est à éviter : la pression supérieure à plus de 100°C réduit à peu de choses les enzymes, ainsi que les vitamines et minéraux. À basse température ou à la vapeur, les cuissons dites douces préservent une bonne partie des enzymes alimentaires. La leucocytose est ainsi bien moins prononcée qu’avec du tout, ou du très cuit.

Quelques idées menus pour s’y mettre.

– Smoothies et autres porridges crus (fruits frais et secs, graines…)
– Trempettes de légumes crus (de saison) dans du guacamole, de la tapenade et/ou du pesto
– Salade de betteraves et pommes râpées aux graines sèches (courge torréfiées, tournesol, pignons, chia…) et germées
– Salade composée : légumes de saison émincés ou râpés, graines sèches et graines germées, noix diverses, avocat, olives, fromages frais…
– Carpaccio de viande
– Soupe crue type gaspacho
– Pain essène, le pain des Esséniens, confectionné à base de céréales diverses et surtout germées – autrement dit, du pain cru !

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Et pensez toujours à bien mâcher, vous aiderez ainsi et grandement vos petites enzymes digestives à faire leur travail dans de bonnes conditions.